Le vignoble antique en Occitanie

Dolia

L’implantation productive de la vigne en Occitanie remonte à l’Antiquité. L’étude du vignoble antique confirme que la région a toujours été une grande terre de vin.


La Narbonnaise, berceau de la vigne

À l’époque gallo-romaine une grande partie de la région d’Occitanie portait le nom de Narbonnaise. Étendue de Nîmes jusqu’à Toulouse, elle incluait les terres actuelles du Languedoc, du Roussillon ainsi qu’une partie du Sud-ouest. L’économie viticole s’y trouvait déjà très active et les recherches archéologiques prouvent que cette province des Gaules est un berceau authentique de la vigne et du vin. De nombreuses villas antiques ont été mises à jour et étudiées dans les départements du Gard, de l’Hérault, des Pyrénées-Orientales. Les fouilles de ces fermes viticoles ont mis en valeur l’importance de la production de vin depuis la conquête romaine jusqu’au Moyen-Âge. La région de Béziers était particulièrement réputée et déjà distinguée dans les récits de Pline l’Ancien. Le cépage Aminée avait réputation de contribuer à la qualité de ces vins tandis que la production d’amphores gauloises à fond plat assurait leur diffusion dans l’Empire. Les ateliers produisant des amphores vinaires étaient nombreux en Narbonnaise à l’instar de celui du Clos de Raynaud localisé sur l’actuelle commune de Sallèles-d’Aude.

Les villas viticoles et leurs infrastructures

Les fouilles effectuées sur l’ensemble du territoire du Languedoc et du Roussillon dans le cadre des campagnes conservatoires ont mis à jour l’infrastructure viticole des villas romaines. L’analyse des vestiges archéologiques témoigne de l’articulation de fouloirs, de cuves de recueil, de celliers de vinification et de conservation, de salles dédiées à l’élaboration du defrutum. Sur les plans exhumés des cella vinaria, ces caves antiques, le décompte des emplacements de stockage est un précieux indicateurs des volumes de vin produits par le vignoble antique. La villa découverte à Nissan-Lez-Ensérune est démonstrative des articulations entre les unités de production. Le chai bâti dans le sens de la pente voit les pressoirs occuper les sols les plus élevés. Les jus pressés en amont s’écoulaient ensuite par gravité vers une cuve de plusieurs dizaines d’hectolitres où ils étaient recueillis. L’espace de stockage prolongeait ensuite le bâtiment dont il occupait la partie inférieure. Le décompte des emplacements réservés aux dolia permet de mesurer le volume de production de chacun des domaines antiques.

Des domaines viticoles modernes

À la Villa de Prés-Bas à Loupian, les installations se révèlent assez élaborées. Le chai est estimé à 315 m2 réparti en deux nefs séparées dans l’axe central par une rangée de piliers. On y décompte les emplacements de 90 dolias dont le remplissage s’exécutait probablement à l’aide d’une tuyauterie reliée à la cuverie par une pompe. La production est estimée à cet endroit à 1500 hectolitres. De ces divers constats archéologiques il est possible d’avoir une idée de la taille des vignobles rattachés à ces Villas romaines. Ceux-ci s’étendaient probablement sur plusieurs dizaines d’hectares et occupaient des surfaces moyennes assez proches des vignobles actuels. Les rendements estimés entre 30 et 60 hectolitres par hectare s’approchent également des mêmes performances qu’aujourd’hui. L’un des plus grands domaines de la Narbonnaise, la Villa de Vareilles, a été localisé à Paulhan Adissan sur le terroir actuel des Grés de Montpellier. Équipé de quatre chais, le recensement d’au moins 500 dolia de grande contenance laisse imaginer une production viticole d’environ 6000 à 7500 hectolitres provenant d’un vignoble d’au moins 120 hectares. Cette productivité, rapportée au nombre d’ateliers qui produisaient les amphores gauloises, montrent que la région était déjà un haut lieu de production et d’exportation de vins.