Au Domaine Laougué situé à Viella dans le Gers, Sylvain Dabadie élève des vins de Madiran et de Pacherenc-du-Vic-Bilh dans un esprit novateur, où l’expression authentique du terroir repose sur une conciliation de tradition et de modernité.
Les appellations au premier plan
Dans le vignoble de Madiran, le Domaine Laougué est un nom connu. Sa réputation est assise sur un travail de la vigne conduit par cinq générations de vignerons. Sylvain Dabadie assure aujourd’hui la destinée du patrimoine familial, œuvrant en concertation avec Pierre Dabadie, son père. Les vignes du domaine courent sur des coteaux situés au point de convergence des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées Atlantiques et du Gers. Bien que la propriété chevauche les Côtes de Gascogne, les vinifications se concentrent sur les deux appellations majeures de ce piémont pyrénéen : Madiran pour les rouges et Pacherenc-du-Vic-Bilh pour les blancs secs et moelleux. Le plus grand soin est apporté au respect du terroir et à son développement pérenne. Labellisé Haute Valeur Environnementale, le Domaine Laougué s’est également engagé en conversion bio en 2020.
La tradition servie par la technicité
Sylvain Dabadie est un vigneron déterminé dont les orientations prennent appui sur une solide formation technique. À la fois œnologue et ingénieur agronome, il entretient avec le vignoble familial une relation fidèle à l’identité du terroir consolidée par une appropriation technique novatrice et maîtrisée. Les vinifications en particulier sont toutes conduites sous levures indigènes que le vigneron prend soin de sélectionner en amont de chaque vendange. L’authenticité de terroir s’en trouve d’emblée parfaitement valorisée. L’encépagement, typique de cette région du sud-ouest, compte quelques parcelles de vieilles vignes déjà recensées en 1904. Leurs qualités éprouvées en font un réservoir génétique qui permet d’assurer le renouvellement du vignoble par sélection massale. Sur une trentaine d’hectares où la préservation de rangs enherbés est de rigueur, le Tannat majoritaire et les Cabernets forment le capital des rouges tandis que les blancs peuvent compter sur les Petit et Gros Mansengs ainsi que le Petit Courbu. Le relief des parcelles doublé de l’exigence qui préside sur la qualité des baies font de la cueillette manuelle la technique de vendange privilégiée.
Fraîcheur et fruit en équilibre
Au chai, l’élevage privilégie l’expression du fruit favorisée par la réduction des sulfites. Le boisé qui s’impose souvent en Madiran se veut discret et de juste équilibre. Un profil tout en fraîcheur distingue chaque gamme de vin. Avec en introduction pour les rouges le Ta Nat’s, un vin de cuve auquel la macération carbonique confère son caractère vif et fruité. Sur des voies d’expression plus complexes, les sélections parcellaires modèlent le caractère des Madiran. Argilo-limoneux pour la cuvée 19.10. Gravettes pour la parcelle Camy, un Tannat majoritaire marié aux Cabernets pour le temps d’un élevage de 8 mois. Argilo-calcaire pour Marty, un 100 % Tannat dont la complexité s’amplifie au fil de 12 mois d’élevage en fûts neufs. Parmi les « Vins au sommet », Arbison, éraflé, macéré, pigé avant son élevage minutieux en barrique. En Pacherenc-du-Vic-Bilh sec, L’Orée tire parti avec rareté et finesse d’un 100 % Petit Courbu, frais et fleuri aux légers contrepoints boisés. Talion, cuvée ralliant elle aussi les Vins au sommet, où le Petit Courbu largement majoritaire flirte avec les éclats vifs du Petit Manseng, élevage en demi-muit et absence de sulfite fixant les sincères bouquets. Nectar de l’appellation en version Pacherenc moelleux, la 19.58 en 100 % Petit Manseng déploie ces puissants arômes concentrés par les vendanges tardives dont les voluptés sirupeuses viennent se fondre dans une fraîcheur tendue à l’issue d’un élevage en barrique.