Quel regard portent sur le vins d’Occitanie deux sommeliers officiant pour deux maisons étoilées ? Lorsque l’on interroge de concert Pierre Colin œuvrant chez Michel Sarran et Paul-Louis Coudoumié qui a exercé à la Table des Merville puis au Sept quelques réponses font éclairage.
L’objectivité qualitative
Si les vignerons sont nécessairement ancrés à un terroir et par la raison géographique à une appellation, le sommelier aborde plutôt le sujet par la nature du vin. L’esprit qui s’affirme au premier plan pourrait se traduire en une question : quel type de vin chaque terroir est-il en mesure de magnifier ? La réponse bouscule rapidement a priori et tradition lorsque Pierre Colin avance que « le Roussillon est un grand terroir de blancs ». Car ce que le sommelier va rechercher repose fondamentalement sur l’objectivité qualitative : l’équilibre, la matière, la fraîcheur. Cela pose aussitôt le terroir de la région Occitanie comme un lieu de quête exploratoire où la recherche porte sur le caractère d’exception d’un domaine ou d’un vigneron plutôt que sur la réputation d’une appellation.
L’affranchissement créatif
Les vins d’Occitanie ont cette particularité d’être multiples à plusieurs titres : par la diversité des terroirs, des climats, des cépages, des savoir-faire. De plus, la liberté créative des vignerons repose bien souvent sur la production de cuvées libérées des contraintes imposées par le cahier des charges d’une appellation. On ne s’étonnera pas alors que les vins d’Occitanie soient abordés par les sommeliers des grandes maisons sans focalisation sur l’AOP ou l’IGP. La piste des investigations en quête de l’exception se dessine alors plus précisément. Elle s’oriente vers ces vignerons d’Occitanie bien plus engagés dans l’expérience et la recherche, que dans le respect strict de normes fixant la tradition d’un terroir. La démarche vertueuse, respectueuse de l’environnement y tient le premier plan. Non pas par simple éthique écologique, mais également par la vérité qualitative qu’elle confère au vin et à l’expression sincère de sa terre.
Un florilège de petits domaines
Les points de vue que Pierre Colin et Paul-Louis Coudoumié portent sur les vins d’Occitanie se révèlent convergents. Lorsqu’ils citent leurs références, une évidence s’impose : ce sont en majorité de petites exploitations où la vigne est cultivée avec soin et le vin élevé avec précision. Souvent labellisés bio ou biodynamique, ces domaines viticoles sont généralement conduits par des vignerons créatifs et fortement engagés dans le respect environnemental. Les régions viticoles citées sont préférentiellement orientées au sud-est. On y retrouve les terroirs des Terrasses du Larzac, de Faugères, de Saint Chinian. Le Roussillon également bien-sûr, terre de prédilection pour de petites parcelles à fortes typicités. Lorsque le regard se tourne vers le sud-ouest, les noms de Cahors, Fronton ou Gaillac se détachent. Le choix qualitatif se porte encore ici sur les démarches viticoles vertueuses, souvent assorties d’une production de vin sincères, expressifs, équilibrés, toujours travaillés au plus près des qualités évocatrices des terroirs et de leurs cépages de prédilection.
Quelques domaines et leurs terroirs cités par Pierre Colin et Paul-Louis Coudoumié
- Causse Marines, Gaillac (voir l’article)
- Château Plaisance, Fronton (voir l’article)
- Binet-Jacquet, Faugères
- Domaine Vaïsse, Terrasses du Larzac
- Domaine Gauby, Roussillon
- Marjorie et Stéphane Gallet, Roussillon
- Château la Colombière, Fronton
- Château la Grézette, Cahors
- Jérémie Illouz, Côtes du Lot
- Labranche Lafont, Madiran
Quelques liens relatifs à Pierre Colin et Paul-Louis Coudoumié
- Dans une approche extra-régionale, les cuvées coup de cœur de Pierre Colin sur Cuvées and Co.
- Le profil Instagram de Paul-Louis Coudoumié, intitulé La Vigne Blanche, dédié à la dégustation de cuvées d’exception.