L’article qui suit est antérieur à l’automne 2018. Depuis cette date, le Mas du Soleilla a changé de propriétaire. Acquis par les vignobles Gérard Bertrand, il est aujourd’hui rattaché à l’ensemble viticole et œnotouristique du Château l’Hospitalet.
Labellisé bio depuis 2012, le Mas du Soleilla est un domaine exemplaire des vins remarquables que le vignoble de La Clape est en capacité d’engendrer.
La signature du terroir
Originaires de Suisse, c’est en 1998 que Peter Wildbolz et Christa Derungs s’établissent sur le massif de La Clape. Prenant en charge le destin du Mas du Soleilla, ils font le choix judicieux d’engager précocement une conversion bio. Acquis initialement avec 7 hectares de vignes, le domaine en compte aujourd’hui 22 hectares. Sur ce site géologique qui fut d’abord une île à l’époque antique, le vignoble prospère aujourd’hui en plateau calcaire. Situé à 130m d’altitude au-dessus du niveau de la mer mitoyenne, il n’est pas rare qu’émergent entre les rangs de vignes quelques fossiles d’huîtres ou d’ammonites. Et quand Peter Wildbolz vous précise que lorsqu’on achète un domaine on achète aussi une histoire, on comprend qu’en ces lieux l’histoire est aussi celle immémoriale d’un terroir qui fera signature dans le vin.
La puissance du fruit
Au Mas du Soleilla, la culture de la vigne est conduite avec une rigueur subtile où l’apparente modestie du vigneron cache une technique particulièrement experte. Celle-ci passe en premier lieu par une fine connaissance du terroir et de ses écarts climatiques. La façon d’enherber le vignoble, uniquement jusqu’à la fin de la saison des pluies, en est un premier indice. Car plus tard, le vent marin et les sols calcaires favorisent parfois des sècheresses qui imposent d’éviter à la vigne une concurrence racinaire. L’élégance future du fruit, la force de ses jus, la concentration de ses arômes en dépendent. Au Mas du Soleilla, c’est ainsi que l’on veille avec soin sur le Grenache noir, la Syrah, le Cabernet franc ou le Merlot destinés aux vins rouges, sans oublier Roussane ou Bourboulenc au destin de vins blancs. Le soin artisanal apporté à la vigne se retrouve également dans la conduite au chai. La forme des cuves, leur dimensionnement, la maîtrise apportée aux températures, tout concourt à donner au terroir et à ses fruits des vins parmi les plus intéressants de l’appellation.
La cohérence des vins
Au Mas du Soleilla il est une règle : faire des vins qui se démarquent les uns des autres. Ce parti-pris se traduit dans le visuel des étiquettes dont les subtiles gammes de couleur distinguent clairement chaque cuvée. Ainsi se présentent Les Ammonites, en habillage ocre orangé, et dont la robe grenat dévoilée dans le verre dit déjà la présence veloutée de la mûre ou de la cerise, fruits du Grenache allié à la Syrah. Suivent Les Chailles, habillées d’un violet dense qui annonce en souplesse et finesse le mariage des fruits rouges et des épices, signature dominée par les vieux Grenaches du domaine et toujours la Syrah. Avec Les Bartelles, qu’introduit un visuel rouge carmin et dont le nom d’emprunt est celui des petits bois de garrigue, les accents boisés et épicés viennent complexifier un tableau déjà bien passionnant. S’annonce alors le Clôt de l’Amandier, dont l’étiquette poussée au vermillon se fait ambassadrice des lents élevages en fût, conférant accents de truffes et mokas aux fruits déjà si bien exprimés. Contrastant avec les veloutés et les tanins bien enrobés des vins rouges, le vin blanc extrait du Bourboulenc et de la Roussane offre fraîcheur florale et accents de pêche, sous une étiquette bleutée qui pose la touche finale. De cet ensemble se dégage une grande cohérence visuelle, qui traduit la droiture complexe des vins du Mas du Soleilla, tous intensément et vertueusement expressifs du terroir de La Clape.
Le Château l’Hospitalet